Paris 1 Panthéon-Sorbonne obtient 5 millions d’euros pour développer le projet AISorb
Dans le cadre du plan France 2030, l’État mobilise 2,5 milliards d’euros pour accélérer le développement de nouvelles formations ou adapter celles qui existent déjà aux besoins de compétences des nouvelles filières et des métiers d’avenir. Mercredi 22 mai, deux lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) Compétences et métiers d’avenir (CMA) ont été annoncés, dont l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne qui a obtenu un financement de 5 millions d’euros pour développer son projet innovant de formation : AISorb.
Lancé en décembre 2021, l’AMI CMA est porté conjointement par l’Agence nationale de la recherche (ANR) et la Banque des territoires pour le compte de l’État, dans le cadre de France 2030. Ce projet a pour objectif d’anticiper et de contribuer à répondre aux besoins en emplois et en compétences de demain. Pour cela, les projets soutenus par cet AMI permettent d’accélérer la mise en œuvre des formations préparant à ces métiers d’avenir, qu’il s’agisse de formations initiales ou continues, et quel que soit le statut des apprenants (apprenti, lycéen, étudiant, salarié, demandeur d’emploi, indépendant, libéral ou entrepreneur).
AISorb : l’intelligence artificielle pour tous
L’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne a répondu à l’AMI CMA afin d’obtenir un financement pour son projet AISorb. Le coût total du projet est de 13 278 063 €, dont 43,6 % sont abondés par la contribution d’un consortium de partenaires partageant des valeurs d’inclusion et d’une intelligence artificielle plaçant l'humain au centre des préoccupations tels que La Poste, la Gendarmerie nationale, Ubisoft, Axa et bien d’autres encore. Le montant demandé lors de l’envoi du dossier pour l’AMI CMA s’élevait ainsi à 6 322 980 € dont 80 % ont été attribués à Paris 1 Panthéon-Sorbonne pour permettre le développement de ce projet d’avenir. Pour Stéphane Lamassé, maître de conférences en histoire médiévale à l’université et porteur du projet AISorb aux côtés de Célia Zolynski professeure de droit privé et coordinatrice de l'Observatoire de l'IA et de Camille Salinesi, vice-président chargé des Relations internationales, professeur en informatique et co-responsable de l'Observatoire de l’IA, l’obtention de ce financement démontre un réel enjeu dans le développement du projet AISorb : « Parmi les établissements ayant obtenu un financement dans le cadre de l’AMI CMA, nous sommes le seul spécialisé en sciences humaines et sociales (SHS) ce qui démontre qu’en tant que tel, nous avons un rôle important à tenir dans la formation et la sensibilisation des étudiants aux usages de l’IA. »
AISorb consistera à créer des formations inédites mêlant l’intelligence artificielle (IA) et les SHS. Celles-ci auront vocation à former des futurs professionnels répondant aux enjeux du monde de demain et leur permettre à ces derniers de développer de nouvelles compétences à l’heure ou l’IA transforme les métiers d’aujourd’hui. « C’est maintenant qu’il faut proposer de nouvelles formations pour accompagner ce mouvement et pas seulement sur les aspects de régulation de l’IA mais surtout sur son utilisation dans les différents métiers », explique Célia Zolynski.
Conçu sur la base du diagnostic établi dans le cadre de la deuxième phase de la stratégie nationale pour l’intelligence artificielle (SNIA), AISorb vient en réponse au constat selon lequel la formation en IA en France n’est pas suffisamment pluridisciplinaire, qu’il existe un décalage entre le niveau de qualification requis et le diplôme obtenu par les personnes formées, et qu’il y a une méconnaissance générale de l’IA par la population active, renforçant ainsi les obstacles à son adoption. Pour Camille Salinesi, « l’intelligence artificielle n’est pas qu’une affaire de mathématicien ou d’informaticien, elle n’est pas réservée aux sciences dures. C’est un sujet de société et il est important de former les étudiants au monde de demain ».
Un projet d’envergue
Le projet AISorb répond au levier 4 du plan d’investissement France 2030 en se fixant un triple objectif : acculturer les étudiants en SHS aux systèmes d’IA (SIA) et à leurs impacts, déployer une offre de formations pluridisciplinaires à l’intersection de l’IA et des SHS en complétant les formations disciplinaires en SHS (majeure, recherche ou pro) par une formation à l’IA (mineure) et développer à grande échelle la validation de compétences professionnelles en IA pour les personnes en recherche d’emploi ou en évolution de carrière qui ne relèvent pas d’un profil technique ou scientifique.
Par ailleurs, les ambitions du développement de ce projet sont les suivants :
- Former les citoyens et les travailleurs de demain avec une approche réflexive pour une IA responsable.
- Former des « tiers-instruits » maîtrisant IA et SHS : L’enjeu est de créer des formations en IA adaptées à des publics non techniques et apportant des qualifications en phase avec les nouveaux besoins des employeurs.
- Féminiser le secteur de l’IA : Le taux de féminisation étant très important dans les SHS, l’enrichissement de cursus en SHS par des formations en IA est un véritable levier de féminisation du secteur qui permettra d’attirer rapidement et massivement les « talents cachés », notamment féminins.
AISorb reposera sur le déploiement de différents dispositifs : la création d’une formation complémentaire à la formation de licence en SHS, la mise à disposition d’outils permettant à chacune et chacun de se former à l’IA de façon accessible (création d’un documentaire sur les enjeux sociétaux de l’IA, ouverture d’un MOOC à destination de l’ensemble de la communauté étudiante, etc.), la mise en place d’une certification de compétences et enfin l’ouverture de quatre nouvelles formations (deux masters professionnels, un master exécutif et une école graduée de recherche). Célia Zolynski, professeure de droit privé à Paris 1 Panthéon-Sorbonne et coordinatrice de l'Observatoire de l'IA, espère la mise en place des premiers dispositifs du projet AISorb dès la rentrée 2025 : « Il y a un réel alignement des planètes puisque ce financement va permettre le lancement du projet AISorb qui pourra être déployé dans le cadre du lancement de la nouvelle offre de formation 2025-2030 en complément des actions que l’université mène également dans le cadre de l'alliance Una Europa sur la data science et l’IA. »