Quatre questions à la DPI sur les performances environnementales du centre La Chapelle
Chaud ? Froid ? Nuisances sonores ? Qualité de l’air ? Éclairage ? La Direction du Patrimoine immobilier (DPI) répond à nos questions sur la qualité et la performance environnementales du bâtiment.
1. Comment le confort thermique sera assuré dans le bâtiment ?
Le nouveau bâtiment s’inscrit dans des objectifs de performance thermique de premier ordre. Sa Consommation d’Energie Primaire (CEP) sera inférieure à 40 % du CEP maximum défini par la réglementation thermique RT2012. Conformément à la réglementation, les modélisations de l’utilisation du bâtiment sont faites selon le scénario le plus pessimiste du GIEC à fin 2050, et n’exclut pas du calcul les journées de fermeture estivale du site durant lesquelles les pics de chaleur sont les plus fréquents. À partir de ces données, les architectes ont opté pour une combinaison de solutions pour faire face aux variations de température extérieure et au réchauffement climatique.
Le bâtiment a fait l’objet d’une conception bioclimatique (optimisation des températures d’été et d’hiver par surfaces vitrées et auvents, toits végétalisés). Le confort hivernal est assuré grâce à la performance de ces équipements techniques combinés à une enveloppe thermique performante. Le bâtiment sera alimenté par le réseau de chaleur de la ville de Paris (Compagnie parisienne de chauffage urbain), dont le mix énergétique est renouvelable à plus de 50 %. Selon les locaux, l’ambiance climatique est déterminée par des planchers chauffants, des radiateurs ou un traitement aéraulique pour les grands volumes. Le système de rafraichissement est également complexe car il mixe plusieurs systèmes en fonction des espaces pour assurer une dynamique thermique optimale.
Pour répondre à la réglementation RT2012, le bâtiment n’est pas climatisé, il est rafraichi. En période de chaleur, le bâtiment dispose ainsi d’un système de « rafraichissement adiabatique » : l’air pulsé à l’intérieur du bâtiment est rafraichi par de l’eau qui a été préalablement refroidie par un système puissant de pompes à chaleur. La température obtenue dans les locaux ne peut être aussi précise qu’un système de climatisation énergivore interdit dans les nouvelles constructions : elle peut varier à deux degrés près par rapport à l’objectif de la programmation. Par ailleurs, des dispositifs manuels ont été implantés dans certains locaux : les bureaux des agents au 4e et 5e étages disposent tous disposent de persiennes extérieures, qui permettent aux agents de moduler les apports de lumières à l’intérieur des bureaux tout en ouvrant les fenêtres pour ventiler les locaux et les rafraîchir si besoin. Cette solution a été déjà mise en œuvre à l’Institut des Mathématiques d’Orsay où elle est appréciée des agents.
Parallèlement, le jardin et les trois patios du site qui sont des éléments centraux de l’agrément général du bâtiment, ont également une fonction d’ilôts de fraîcheur dans l’économie générale du bâtiment, et se combinent aux effets de plusieurs toits-terrasses plantées. Indépendamment de la construction même du bâtiment, l’environnement urbain de la Porte de la Chapelle se restructure autour de plusieurs parcs existants comme Chapelle Charbon ou à créer, et qui s’inscrivent dans le PLU Bioclimatique de la Ville de Paris. Ce dernier prévoit ainsi d’aménager un parc sur la parcelle dite “Gare Dubois”, entre la façade nord du bâtiment et le périphérique.
2. Qu’est-ce que le contrôle acoustique dans un bâtiment nouvellement construit ?
La question de la qualité de l’environnement sonore a été un défi à relever pour les architectes, car la parcelle de la gare Dubois est localisée dans un territoire urbain qui est l’entrée principale de la capitale dans sa jonction stratégique avec l’Europe de Nord-Ouest et le Royaume Uni. Certains habitants de la Porte de la Chapelle utilisent l’image de la presqu’île pour parler de leur quartier « coincé » entre les voies de la plus grande gare d’Europe et le début de l’autoroute A1. Comment répondre alors aux normes de confort acoustique des Établissements Recevant du Public (ERP) ?
Tout d’abord, les architectes ont choisi de « tourner » le bâtiment vers le Boulevard Ney, en le structurant fonctionnellement autour d’un jardin dont la vue pouvait profiter aussi aux habitants riverains du Boulevard. Les locaux où travaillent en permanence les personnels administratifs sont « tournés » vers le boulevard Ney et le jardin. A contrario, lorsque l’on regarde la façade nord (l’arrière du bâtiment), on constate que seuls deux étages (R+2 et R+3) sur cinq sont vitrés. Le Rez-de-Chaussée et le 1er étage du bâtiment sont aveugles sur la face nord : cela correspond aux murs du fond des amphithéâtres. Les 4e et 5e étages sont composés de modules en indentation dont les ouvertures sont latérales.
Les architectes ont ainsi très judicieusement répondu à une double contrainte : d’une part, celle des nuisances sonores extérieures, et d’autre part, celle de la vocation d’un bâtiment universitaire ouvert sur la métropole et sa proche banlieue. L’ouvrage architectural est fondé sur les transparences et la fluidité des circulations qui favorisent les interactions visuelles au sein du bâtiment, et avec l’environnement urbain immédiat. Des perspectives et des ouvertures sont aménagées dans toutes les directions de la métropole parisienne, de sorte que le bâtiment n’offre pas une façade fermée sur la Seine-Saint-Denis et les habitants de la plaine du Landy.
Les architectes sont soumis à des règles de la construction très contraignantes dont la mise en œuvre est validée par un « bureau de contrôle » indépendant qui vérifie en permanence divers aspects du projet. Lorsqu’à l’automne 2023, l’université a demandé s’il serait possible de renforcer la diffusion du son dans certaines salles de TD par l’installation d’enceintes indépendantes des vidéo-projecteurs, le bureau de contrôle a exigé une augmentation de l’épaisseur des cloisons entre les salles calculant que ce renforcement du son créerait une interférence sonore trop importante pour les salles voisines. De même, lorsque l’université a discuté du revêtement de sol dans la bibliothèque, le bureau de contrôle a indiqué qu’au regard des calculs de réverbérations acoustiques, un revêtement lisse était incompatible avec le niveau réglementaire exigible aujourd’hui dans une bibliothèque universitaire.
3. Quel air respirera-t-on dans le bâtiment de la Porte de La chapelle ?
Selon la première cartographie croisée de la qualité de l’air et de l’environnement sonore de l’Ile-de-France réalisée en 2024, la Porte de Chapelle subit une qualité de l’air « très dégradée », à l’instar des autres portes et des grands axes internes de la capitale. Cependant, dans un bâtiment destiné à recevoir du public, la réglementation pour tout ouvrage nouvellement construit impose aujourd’hui des normes strictes : l’air respiré à l’intérieur doit être filtré. C’est le Règlement Sanitaire Départementale (RSD) qui édictent les niveaux de filtration en fonction des usages des locaux. Les normes actuelles de la filtration de l’air dans un nouvel établissement destiné à l’enseignement supérieur imposent la filtration de 18 m3 par heure et par personne.
Le système de filtrage et de ventilation du site de la Porte de La Chapelle répond à ce fort niveau d’exigence. Le bâtiment dispose de plusieurs centrales de traitement d’air de haute performance dont la puissance peut délivrer jusqu’à 30m3 par heure et par personne. Elle est ainsi largement dimensionnée pour assurer, même en pic de fréquentation (hypothèse où toutes les places assises seraient occupées en même temps dans l’intégralité du bâtiment), une qualité de l’air optimale et constante dans l’ensemble des espaces du site. Des sondes à CO2 sont disposées dans divers locaux pour contrôler la qualité de l’air et adapter le flux entrant en fonction des besoins. Ces dispositifs font partie de ce que l’on appelle la GTB (Gestion Technique du Bâtiment) qui permet une réponse adaptée au niveau de fréquentation, tant pour le confort des usagers que pour la consommation globale d’énergie.
Les revêtements de surfaces et de sols sont conformes aux normes officielles en vigueur et garantis sans émission de composés organiques volatils, notamment conforme à la directive 2004/42/CE du Parlement européen. Les produits ont été choisis dans des gammes de haute qualité environnementale, tel le linoléum, matériau fabriqué composé à 97 % de matières premières naturelles, ou la moquette ayant reçu le label GUI Gold Plus (100 % recyclable et plus 90 % de matière recyclée et biosourcée).
4. Comment s’éclairera-t-on dans le bâtiment de la Porte de La chapelle ?
L’éclairage artificiel de l’ensemble du site sera assuré par des éclairages à leds associés à des détecteurs automatiques et piloté par un système Gestion Technique du Bâtiment informatisé (GTB), afin d’optimiser les consommations électriques selon les usages et la fréquentation.
Surtout, la structure du bâtiment a été étudiée pour que le maximum de locaux y compris les escaliers et les couloirs bénéficient de la lumière naturelle qui est la meilleure pour la santé des usagers et la plus économique ! Le bâtiment est ainsi équipé de nombreux vitrages, parfois toute hauteur, et bénéficie ainsi d’un important éclairement naturel. Les grands vitrages en façade répondent néanmoins à tous les critères de filtrage obligatoires dans les normes de construction actuelle : éblouissement, thermique, acoustique. Les effets lumineux sont maitrisés tout à la fois par des occultations (stores et persiennes), des vitrages à transmissions lumineuses modérées et performants pour garantir le confort hygrothermique et éviter des surchauffes en été. Sur la façade sud, les balcons-passerelles obligatoires pour l’entretien des façades servent aussi de pare-soleil pour tous les niveaux.